Ma rencontre avec Mourabit Al-Hajj Would Fahfou, part 1

Mourabit Al-Hajj
Sidi Muhammad Bin Salik Ould Fahfu al-Amsami (Mourabit Al-Hajj)

Mourabit Al-Hajj Would Fahfou n’est pas le seul, mais il était un des derniers à enseigner l’Islam sans aucun désir de conquête idéologique.

J’avais 25 ans, en plein milieu de mes études universitaires de la langue arabe, quand je commençais à penser à voyager pour aller étudier ma religion.

brown wooden shelf with books
Une des bibliothèques de l’université de Leeds

J’étais en 3ème année d’une fac d’arabe à Leeds University. Ça me faisait tellement de bien d’étudier, de construire ma pensée à travers mes apprentissages. Et surtout j’avais une vie religieuse très prolifique, entouré de personnes bienveillantes. Tout le monde avait le même objectif: devenir une meilleur personne en améliorant sa relation avec Allah.

Il me restait encore un an d’étude à Leeds. Je venais de passer un an dans la ville Fés au Maroc, où j’avais étudier la langue arabe à ALIF, the Arabic Language Institue of Fez (en partenariat avec l’université de Leeds). Ça m’avait beaucoup ouvert l’esprit sur l’importance d’être bien entouré, et de faire des efforts dans sa pratique.

C’est à cette époque donc que j’ai commencé à vouloir partir étudier en immersion auprès des savants.

Savez-vous où je voulais aller? Je vais vous dire.

J’étais très tenté pour aller étudier à Tarim, auprès du savant et maître Habib Umar Bin Hafiz.

Dar Al-Mustapha au Yémen

Ce dernier avait fondé une école, Dar Al-Mustapha, où le programme avait l’air pas mal, et surtout focus sur la pratique (beaucoup de cercles d’invocations, etc.), et l’amour (je pense que les occidentaux essaient de combler un besoin lié à l’amour, où à son manque…).

Je me préparais l’éventualité d’aller poursuivre mes études religieuses là-bas quand un ami du nom d’Ibrahim, converti lui aussi, me parla d’un certain Hamza Yusuf et de ses études en Mauritanie.

La Mauritanie fit immédiatement écho en moi pour deux raisons:

  1. J’avais traversé en 4L la Mauritanie du nord au sud en 1997 avec des amis, pour aller visiter mon père qui habitait le Sénégal. Je n’étais pas encore musulman lors de ce voyage (je me suis converti en 2000), et je voyais beaucoup de sens d’y retourner pour prendre de leur science.
  2. Je voulais retourner en France pour y vivre après mes études, et au vu de la population musulmane (Maghreb et Afrique Occidentale), ça me semblait logique d’apprendre la jurisprudence Malékite. Le rite Malékite est enseigné en Mauritanie, tandis que c’est le rite Shaféite qui est pratiqué au Yémen.

Au fur et à mesure que je me renseignait sur les études en Mauritanie, je fût persuadé que je devais aller là-bas.

Quelques mois après avoir fini mes études à Leeds, et grâce à Shaykh Taher de la Grande Mosquée de Leeds, je pris le départ pour la Mauritanie. J’avais en plus gagné la compagnie d’un ami cher, Ahmed un descendant du Prophète (paix et salut d’Allah sur lui), pour ce voyage. Ahmed, qui se faisait appeler Nooguy, était un anglais d’origine égyptienne que j’avais rencontré à Leeds Grand Mosque lors du Ramadan 2004.

Ça nous a prit plusieurs semaines de trouver l’école du désert de Mourabit Al-Hajj. Elle est situé dans la provence du Tagant, à quelques 700 kilomètres de la capital, sur la route qui mène au Mali.

La région de Tagant, et Tidjikdja

Nous avions trouvé un véhicule qui se rendait à la ville de Tidjikdja. Personne n’avait été capable de nous donner la localisation précise du grand savant. On nous avait dit que c’était par là-bas; c’était tout ce que l’on savait.

Je suis arrivé à Tidjikdja en piètres états… J’avais une tourista intense (du jamais vu pour moi). Et le voyage avait trop duré! La voiture était tellement chargé que l’on devait descendre et marché à ses côtés dans les montées. C’était terrible.

Nous avons trouvé une auberge tenue par un couple franco-mauritanien. Le lendemain, par une coïncidence comme il n’en existe pas, nous sommes tombé sur un chauffeur qui devait se rendre juste à côté de Twemret, le village de Mourabit Al-Hajj.

Nous sommes montés dans le pick-up, et quelques heures plus tard, nous nous arrêtions dans une tente pour dormir en plein désert. Je ne comprenais rien.

Ce n’est que le lendemain que nous sommes arrivés au village. Quelques kilomètres avant d’arriver, le chauffeur me disait: « Tu vois pas? Le village est juste devant nous! »

Je ne voyais rien; juste des roches. Ce n’est qu’en arrivant très près que je finis par distinguer les deux où trois bâtisses en pierre, et les quelques tentes mauritaniennes…

Les tentes du village de Twemret, durant la saison hivernale

La voiture s’était garé devant un enclos de fortune, qui était la propriété du vieux sage: trois tentes noires, et une bâtisse, qui faisait office de bibliothèque et de salon d’accueil pour les invités de passage.

C’est là où on nous amena. Des gens vinrent nous saluer et parler avec le chauffeur. Mais personne ne se présenta et on ne comprenait pas grand chose. J’expliquais que je voulais étudier. Ma présence ne leur faisait ni chaud ni froid. Je ne connaissais pas encore bien la culture et la mentalité mauritanienne. On va dire que je l’expérimentais en direct. C’était étrange. Je réalisais que nos moeurs respectifs étaient bien différents…

Après avoir mangé, ils nous firent dormir sur les matelas qui servaient de canapés dans le salon-bibliothèque. J’avais trop hâte d’être au matin pour aller saluer le grand savant et érudit Mourabit Al-Hajj. Dans le prochain article, je vous parlerais de mon rapport avec Mourabit. Et de sa vie, ses études, et son voyage `a la Mecque qui lui a valu son nom.

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